À la rescousse des aînés en perte d’autonomie

Un témoignage de Sarah Morin

Sarah Morin a le tour avec les aînés. Et quand ses employés et elle durent mettre fin aux traitements à domicile en mars 2020, marque de commerce chez Physiothérapie S.Mobile, la technologue en physiothérapie s’est immédiatement tournée vers la technologie. Grâce à ses capsules vidéo quotidiennes au cours des semaines qui suivirent, des centaines de personnes âgées ont évité une perte d’autonomie.

Tous les jours à compter du 12 mars, Mme Morin diffusait en après-midi des Facebook Live sur la page de son entreprise. Une grande variété de sujets aînés y étaient abordés. La réadaptation, le renforcement, la mobilité, et même, des capsules informatives pour les proches aidants.

«Pendant deux mois et demi, on ne pouvait plus voir nos clients. On s’inquiétait pour le maintien de leurs capacités, les gens étaient en détresse. Mais de voir 20 à 40 personnes assister à nos capsules chaque jour, ça nous a vraiment fait un velours», confie Sarah Morin.

En constante collaboration avec divers organismes tels que le Regroupement des aidants naturels de la Mauricie, la Société Alzheimer de Granby et région, ainsi que plusieurs CHSLD de la province, Physiothérapie S.Mobile pouvait rejoindre une clientèle répartie sur un vaste territoire.

La popularité de ses diffusions était telle que deux mois plus tard, lorsque les technologues ont pu retourner à leurs suivis à domicile, une nouvelle clientèle est venue solliciter les services de l’entreprise.

«C’était gratuit nos séances virtuelles, il a fallu faire avec la PCU. Au moins, on n’avait pas des frais immobiliers, car nous n’avons pas de clinique physique. Mais ces capsules ont augmenté notre visibilité, et le balancier est revenu vers nous».

La meilleure manière d’atteindre la clientèle demeure en présentiel selon Sarah Morin. C’est donc empli d’une grande joie qu’elle a retrouvé cette dernière au début de l’été. Et ce soulagement, a-t-elle été heureuse de constater, était réciproque auprès des aînés et de leurs proches aidants.

CHSLD

«Il y avait une lourdeur et un isolement chez les aînés que je n’avais jamais vu. On entrait avec les sarraus, les lunettes protectrices et les masques, ils ne m’ont même pas reconnu au début. Mais lorsqu’ils ont entendu ma voix, l’excitation a rempli leurs yeux», raconte Mme Morin en faisant allusion à un premier passage dans un CHSLD au mois de juin.

Cette voix, les aînés l’adorent, et la technologue s’en sert fréquemment dans sa pratique. Pour changer les idées de ses clients, Sarah Morin chantonne de vieux airs d’une autre époque. Douce France pendant le temps de repos, Sur l’perron en tenant une pose exigeante.

«La chanson, c’est une des dernières choses qui part de la mémoire. Mon répertoire de vieilles chansons vient des soirées en famille qu’on faisait autour du piano mécanique quand j’étais jeune», confie-t-elle amusée.

Une vision intact

Avec sa sœur aînée Priscilla, son bras droit chez Physiothérapie S.Mobile, Sarah poursuit encore à ce jour ses capsules vidéo, mais passe la plupart de son temps chez ses clients. Son entreprise est en pleine expansion, elle couvre la quasi-totalité de l’Estrie et des partenaires sont également positionnées à Québec et Montréal, mais la vision demeure la même qu’avant. Et c’est ce qui importe le plus.

«Une personne aînée a le droit, comme un athlète, d’aller chercher son plein potentiel. Les gens veulent souvent rester dans leur domicile le plus longtemps possible. Avec des exercices personnalisés et en comprenant mieux leurs besoins sur place, on est capable de changer leur vie», conclut Sarah Morin.

Xavier Bourassa