Accès aux soins de santé: les physiothérapeutes font partie de la solution

Notre voix se fait entendre!
Notre président Simon Dalle-Vedove et Maxime Huard, membre du conseil d’administration ont collaboré dans la rédaction de cette lettre pour mettre de l’avant que les physiothérapeutes doivent jouer un rôle clé dans l’accès aux soins de santé!
Voici la publication de cette lettre dans le Journal de Montréal en date du 2 décembre 2021

La pénurie de médecins de famille force le gouvernement à réfléchir à des solutions pour que la population puisse avoir accès à des services de santé adéquats, particulièrement en première ligne. Cependant, si l’organisation des soins demeure telle qu’elle est actuellement, non seulement la solution du gouvernement de donner un médecin à chaque Québécois est-elle irréaliste, elle est inefficace.

Au Québec, une grande partie des consultations à l’urgence, en pharmacie et en GMF concernent des troubles musculo-squelettiques. Devant ce constat, le recours aux physiothérapeutes pourrait effectivement aider à désengorger le système de santé, mais aussi à réduire la prescription de tests d’imagerie, de médicaments, ainsi que les consultations et chirurgies inutiles. De nombreux médecins spécialistes tels que les orthopédistes, les urgentologues et les physiatres partagent cette analyse.

Un apport concret

Plusieurs projets de recherche intégrant les physiothérapeutes dans des cliniques de consultations externes ou encore à l’urgence sont en cours au Québec et les résultats préliminaires sont déjà positifs. Des études ailleurs dans le monde comme en Australie et en Irlande ont aussi déjà démontré ces bienfaits. De façon plus générale, les physiothérapeutes pourraient apporter leur expertise dans différents secteurs tels qu’à l’urgence, en pharmacie, ou encore dans les GMF.

À l’urgence, dès qu’une condition musculo-squelettique est soulevée au triage, un physiothérapeute peut être appelé pour procéder à son évaluation. Les études démontrent une réduction du temps d’attente, de la prise de médicaments et d’opiacés, en plus d’une diminution du taux de consultations répétitives pour la même condition.

En plus, depuis 2020, les physiothérapeutes peuvent prescrire une radiographie lorsque le patient présente un traumatisme survenu il y a moins de 72 heures à la suite, par exemple, d’une chute ou d’un accident. En contexte d’urgence, ce dernier point est essentiel.

 

Une aide précieuse en pharmacie

Par ailleurs, l’intégration des physiothérapeutes en pharmacie représenterait une avancée majeure pour l’accessibilité à des soins de première ligne.

Les pharmaciens affirment voir plusieurs patients aux prises avec des troubles musculo-squelettiques, ou encore des personnes qui viennent se procurer une canne, des béquilles, un bandage ou une orthèse. Par leurs connaissances, les professionnels de la physiothérapie sont bien outillés pour leur prodiguer des conseils et traitements. Ce sont donc beaucoup de consultations auxquelles ces derniers pourraient répondre et ainsi désengorger le système de santé.

Un autre milieu où la présence des physiothérapeutes pourrait aider à la réduction de la charge des médecins est les groupes de médecine de famille (GMF). Cette pratique est de plus en plus commune et cela apporte plusieurs avantages, tels qu’une diminution du nombre de consultations récurrentes pour des douleurs ou des incapacités liées au système musculo-squelettique.

L’amélioration de la santé de la population passe par une amélioration de l’accès aux bons services de santé au bon moment. Une meilleure intégration des professionnels de la physiothérapie aux équipes de soins est donc une solution à la pénurie de médecins au Québec. Les projets pilotes avec des physiothérapeutes en première ligne ont déjà fait leurs preuves, et il est maintenant grand temps de moderniser la vision médecin centrique du système.

 

Simon Dalle-Vedove
Physiothérapeute et président de l’Association québécoise de la physiothérapie (AQP)

*Au nom de tous les membres de l’AQP