Communiqué: Réactions de l’AQP au budget provincial 2023-24

Réactions de l’Association québécoise de la physiothérapie
au budget provincial 2023-24

L’Association québécoise de la physiothérapie (AQP) accueille le nouveau budget du Ministre Girard à la fois avec un certain positivisme et quelques questionnements. Le président Simon Dalle-Vedove, pht. était présent au huis clos du budget présenté le 21 mars 2023 à Québec, voici les points qui en sont ressortis.

395 millions sur 5 ans (soit 79 millions/année) pour l’ouverture de 6 nouvelles cliniques d’accès à la 1ère ligne en 2023 et 17 autres dans les 4 années suivantes (il y en a 6 actuellement).

Ces cliniques incluent des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et d’autres professionnels. L’AQP souhaite s’assurer que les professionnels de la physiothérapie soient bel et bien inclus dans ces cliniques. Le budget relève que depuis 2021, les infirmières praticiennes spécialisées ont gagné en responsabilités et autonomie dans leur pratique. L’AQP s’attend à ce que les professionnels de la physiothérapie soient les prochains à gagner en responsabilités et en autonomie au plus grand bénéfice de la population et du réseau de la santé.

 

146,2 millions de dollars dans le but de développer la plateforme « Votre Santé » pour faciliter la prise de rendez-vous.

« La nouvelle plateforme permettra aux Québécois d’obtenir plus facilement une consultation en personne ou en télémédecine auprès d’un médecin ou d’un professionnel de la santé. » L’AQP souhaite s’assurer que les professionnels de la physiothérapie soient bel et bien inclus dans l’offre de services de cette nouvelle plateforme. L’AQP souligne aussi que la télé-réadaptation est solidement régie par l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec et que cela constitue une pratique efficace et sécuritaire pour soigner la population québécoise.

Pérennisation des centres de vaccination et de dépistage.

Les professionnels de la physiothérapie ont contribué grandement à ces centres durant la pandémie. L’AQP salue cette initiative et elle s’attend à ce que les professionnels de la physiothérapie puissent continuer d’y contribuer pour les années à venir.

Résumé des activités en vaccination par les professionnels de la physiothérapie disponible ici.

360,1 millions pour diminuer les listes d’attente pour les chirurgies.

L’AQP souligne ici qu’il n’y a, dans ce budget, aucune mention en lien avec la pratique interprofessionnelle, afin de diminuer les listes d’attente. Plusieurs études démontrent, toutefois, que plus de 50-70% des patients sur les listes d’attente, par exemple en orthopédie, ne sont pas des cas chirurgicaux. D’y implanter des professionnels de la physiothérapie à l’intérieur des équipes de spécialistes (par exemple les chirurgiens orthopédistes et les neurochirurgiens), pourrait substantiellement diminuer les listes d’attente pour ces chirurgies. Un exemple que nous avons relevé récemment dans l’actualité le mentionne ici. L’AQP s’attend à ce qu’une partie des 360,1 millions soit utilisée dans l’intégration de professionnels de la physiothérapie dans de telles équipes.

Source:
Advanced practice physiotherapy surgical triage and management of adults with spinal disorders referred to specialized spine medical care: a retrospective observational study

Améliorer la prise en charge des patients atteints de maladies rares ou chroniques.

Puisque les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité au Québec et l’une des principales causes d’hospitalisation, le gouvernement lance un programme de prévention secondaire et de réadaptation cardiaque. L’AQP souhaite que les professionnels de la physiothérapie soient inclus dans la prévention secondaire et la réadaptation cardiaque. L’intégration de ces professionnels dans les cliniques COVID-longue en est un exemple bien précis.

963,5 millions de dollars pour intensifier l’offre de services de soutien à domicile;

« Afin de permettre aux Québécois de vivre et de vieillir à leur domicile aussi longtemps qu’ils le souhaitent et le peuvent, le gouvernement prévoit, dans le budget 2023-2024, une somme de 963,5 millions de dollars sur cinq ans pour intensifier l’offre de services de soutien à domicile.

La gamme de services de soutien à domicile est constituée de quatre types de services, qui ont pour objectif de permettre aux usagers de demeurer à domicile en tenant compte de leurs besoins et de ceux de leurs proches, soit : les soins et services professionnels (par exemple, les soins infirmiers, l’ergothérapie et les services psychosociaux) ». L’AQP constate que la physiothérapie n’est pas inclue dans l’énumération ci-haute, et s’attend à ce que celle-ci y soit inclue dans la mise en œuvre de ce plan. L’AQP contactera le gouvernement à ce sujet.

 

Lutter contre l’itinérance et la dépendance aux substances psychoactives.

Le gouvernement est extrêmement sensible aux problématiques que vivent les personnes en situation d’itinérance. Par ailleurs, le Québec est préoccupé par la crise des opioïdes, qui a eu des effets tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Ainsi, dans le cadre du budget 2023-2024, le gouvernement prévoit 71,9 millions de dollars pour renforcer la lutte contre l’itinérance et la dépendance.

De cette somme :36,9 millions de dollars permettront de rehausser les ressources de la Stratégie nationale de prévention des surdoses de substances psychoactives, notamment afin d’accélérer la mise en place de mesures liées à la prévention et à la réduction des méfaits liés à l’usage des drogues;

L’AQP souhaite mettre de l’avant que la physiothérapie doit être considérée dans la Stratégie nationale de prévention des surdoses telles que celle concernant les opïodes[1 Source].

Renforcer les soins et services pour les jeunes en difficulté.

25,0 millions de dollars pour la mise en œuvre de nouveaux projets qui permettront de diminuer l’engorgement dans les centres de réadaptation pour les jeunes en difficulté́ (difficulté d’adaptation, déficience physique ou intellectuelle).L’AQP accueille favorablement cet investissement pour répondre aux besoins des jeunes avec des déficiences physiques. Il est cependant impossible pour l’AQP de statuer si ce montant est suffisant ou pas.

Améliorer la diplomation en enseignement supérieur.

Dans le cadre du budget 2023-2024, « des investissements de 275,6 millions de dollars sont prévus d’ici 2027-2028 pour accroître le taux de diplomation en enseignement supérieur. »

L’AQP accueille favorablement certains des efforts présentés dans ce budget, afin de répondre à la pénurie de main d’œuvre en santé.  En revanche, le prochain point inclus dans ce budget, laisse l’AQP perplexe.

Augmenter la taille des cohortes en médecine pour les prochaines années.

« Les besoins de la population québécoise en matière de services de santé sont en croissance, notamment en raison du vieillissement de la population et de la prévalence des maladies chroniques. Dans le but d’offrir un niveau adéquat de soins et services en santé à la population, le gouvernement souhaite recruter et former 660 nouveaux étudiants en médecine d’ici 2026. (…) 33,6 millions de dollars sont prévus en 2022-2023 pour permettre aux quatre facultés de médecine d’augmenter la taille de leurs cohortes dans les prochaines années. »

L’AQP accueille les efforts afin d’augmenter le nombre de médecins qui graduent des programmes universitaires québécois.

 

Toutefois, leur explication mentionnant que cette augmentation du nombre de médecins permettra d’offrir un niveau adéquat de soins et services en santé à la population semble rester dans la vieille mentalité que pour régler les problèmes en santé, cela prend plus de médecins.  Nous sommes surpris de cette mesure, car le Plan santé du ministre Dubé stipule à nombreuses reprises qu’il est primordial d’avoir le bon professionnel au bon moment. Il stipule l’importance d’avoir solide collaboration interprofessionnelle et non d’avoir recours au vieux modèle médico-centrique. L’AQP aurait souhaité y voir une mesure plus englobante mentionnant des fonds pour l’augmentation du nombre de gradués des autres professionnels de la santé qui font partie du Plan santé.

De plus, ce budget ne semble pas prendre en compte l’attrition et l’exode des professionnels du réseau de la santé… dont les médecins. D’avoir plus de gradués n’est qu’une seule façon d’avoir plus de professionnels de la santé.

L’AQP suggère au gouvernement de travailler davantage sur la rétention de ses professionnels déjà dans le réseau, ce qui pourrait être une façon beaucoup plus efficace, finalement, d’augmenter la main d’œuvre en santé.

Pour conclure, l’AQP assurera un suivi auprès du gouvernement, afin que ce dernier réponde à ses questions et entendent les solutions que les professionnels de la physiothérapie peuvent amener à la population québécoise et au réseau de la santé.

N’hésitez pas à communiquer avec nous au info@aqp.quebec si vous avez des commentaires ou questions en lien avec ce budget.

Simon Dalle-Vedove, pht

Président de l’AQP