Contre le virus, pour le bien collectif

Un témoignage de Martin Gagnon

La dernière année n’a pas été de tout repos pour Martin Gagnon. Plutôt que de rester les bras croisés quand sa clinique privée de Villeray a fermé ses portes en mars 2020, le physiothérapeute s’est lancé tête première au front contre le virus. Aujourd’hui, il est reconnaissant du chemin parcouru.

«Quand le gouvernement a commencé Je contribue pour demander de l’aide quant au COVID-19, je me suis senti immédiatement interpellé par mon pouvoir d’agir. Le soutien collectif pour moi, c’est hyper important», affirme-t-il.

Martin travaille chez Activcoop, une coopérative de réadaptation et de prévention activement impliquée dans la sphère communautaire du secteur. Au printemps passé cependant, l’homme de 33 ans a mis sa carrière sur pause pour s’impliquer auprès des aînés testés positifs au coronavirus.

Sélectionné par le CIUSSS Centre-Sud-de-l ’Île-de-Montréal, il a prêté main-forte à l’Hôtel Place Dupuis reconvertie en hôtel pour le soutien à l’autonomie des personnes âgées (SAPA). De la mi-avril au mois de juin, il a accompagné les personnes âgées à travers cette période très éprouvante.

«Accompagner les gens dans la mort, c’était une crainte. La maladie était virulente, souvent on voyait une personne reprendre des forces et 48h plus tard, elle était partie».

En prévention, Martin a pris l’initiative de consulter un psychologue. Mais très vite, il a trouvé réconfort en constatant qu’il pouvait être un vecteur positif dans les derniers moments de ses patients.

«Il y a une dame octogénaire que j’allais voir chaque matin, elle avait de grands yeux perçants. J’étais son good morning person, on arrivait à se comprendre même si, comme plusieurs autres, elle souffrait de démence. Malgré tout, elle était toujours enjouée et positive. Et boom, la maladie l’a prise».

Après quelques semaines à occuper le poste de préposé aux bénéficiaires, Martin a pu retrouver la physiothérapie à l’hôtel SAPA suite à l’ouverture de quelques postes. L’expérience était enrichissante, et l’équipe, exceptionnelle, confie-t-il.

«J’ai appris que j’avais beaucoup plus de résilience que je pensais».

Retour à la clinique

Le mois de juin arrivé, les cliniques de physiothérapie reprirent leurs services. Progressivement, Martin réintégra Activcoop à temps partiel avec l’hôtel SAPA, jusqu’à ce que ce dernier ferme quelques semaines plus tard.

«Tranquillement, je reprenais ma pratique habituelle en prenant beaucoup de précautions. Je ne voyais personne au-dessus de 60 ans. Les études, elles, se poursuivaient», souligne-t-il.

En effet, en plus de travailler à la clinique de physiothérapie et au cœur de l’effort de santé publique en période de pandémie, Martin Gagnon suit une maîtrise en Développement des organisations à l’Université Laval qu’il compte terminer en 2022.

Et pour compléter le tout, le physio s’est ajouté depuis la mi-février une dizaine d’heures à la vaccination de masse, notamment, au Palais des congrès. Mine de rien, le physio s’est élevé en véritable ambassadeur pour la profession cette dernière année.

«Je veux être un vecteur qui contribue au bien-être collectif. Quand je vois de la santé autour de moi, je suis une personne heureuse. Mon rêve, c’est qu’un jour l’accessibilité des physios soit plus grande, on gagnerait vraiment à miser sur la prévention», affirme-t-il.

Xavier Bourassa