Des physios voient la pandémie comme une opportunité

Un témoignage de Marie-Hélène Cummins

L’heure est aux chamboulements chez les praticiens du domaine de la santé. L’adaptation est de mise, toutes les professions y sont assujetties. Cependant, plusieurs témoignages inspirants indiquent qu’il y a possibilité d’avoir du succès dans sa pratique malgré les contraintes du moment. C’est le cas de Marie-Hélène Cummins, physiothérapeute à la clinique PhysioExtra de Terrebonne, qui perçoit la situation actuelle comme une opportunité.

Semble-t-il que de nouveaux facteurs incitatifs permettent à la physio d’expérience de dynamiser ses patients ces derniers temps. À travers l’écran d’ordinateur, elle est en mesure de prescrire des exercices plus adaptés que jamais à la réalité de ces derniers :

« Ça devient beaucoup plus significatif lorsqu’ils utilisent des outils qu’ils ont à la maison pour faire leurs exercices. Je peux leur donner des conseils en les observant en action dans des tâches quotidiennes, par exemple vider le lave-vaisselle. Ils savent donc exactement pourquoi on leur donne ce type d’exercice ».

Marie-Hélène Cummins raconte comment, en téléréadaptation, elle a parfois délaissé certaines méthodes plus traditionnelles pour des exercices sur mesure. Ses patients répondent de manière très positive aux traitements :

« J’avais un patient qui avait une douleur à l’épaule et qui aimait beaucoup travailler sur son terrain. Au lieu de lui donner des exercices avec des élastiques qu’il trouvait moins motivants et significatifs pour lui, nous avons construit des exercices autour de ses tâches extérieures. Par exemple, corder du bois avec son bras blessé. Il s’est montré immédiatement plus ouvert parce qu’il s’est rendu compte que les exercices étaient reliés à son quotidien ».

 Malgré les réticences de certains patients à intégrer la technologie dans leurs traitements de physiothérapie, Mme. Cummins assure que la majorité apprécie grandement la nouvelle méthode une fois le virage effectué. Elle mentionne en exemple trois clients qui hésitaient à passer du téléphone à la téléréadaptation : « Il y avait un certain malaise au départ puisqu’ils avaient peur des bogs et des complications potentielles des vidéoconférences. En une semaine, nous avons fait la transition et maintenant ils sont plus confiants dans leurs exercices puisque je suis en mesure de faire des ajustements et de donner des conseils ».

Adaptations

Il en demeure que cette période en est une d’adaptation pour tous les professionnels de la santé. « C’est exigeant pour tout le monde, autant psychologiquement que physiquement. Nous sommes constamment en apprentissage. C’est très stimulant par contre! », confie la physiothérapeute. Marie-Hélène Cummins est l’une des rares employés chez PhysioExtra qui n’a pas temporairement été mis à pied. L’entreprise a pris la décision de fusionner plusieurs de ses cliniques, en groupe de professionnels par région, afin de mieux concentrer les ressources, compte tenu la diminution du nombre d’employés actifs. Depuis, Mme. Cummins arrive à réaliser le suivi de ses patients grâce, entre autres, à la téléréadaptation :

« C’est un projet qui devait être développé depuis un certain temps, mais à cause des circonstances, c’est allé beaucoup plus vite que prévu. Je crois que la téléréadaptation prendra une place beaucoup plus importante qu’avant dans le futur ».

Gestion des attentes

La clientèle doit s’y attendre, les soins offerts par les physiothérapeutes à distance sont différents et donc beaucoup plus axés sur l’activation, les conseils, l’éducation et les exercices. La mobilisation articulaire est parfois essentielle dans certaines conditions. C’est pourquoi les thérapeutes, comme Marie-Hélène Cummins, ont développé de nouveaux apprentissages afin de démontrer les meilleures techniques d’auto-mobilisation à leurs clients. D’après la physiothérapeute, l’éducation et l’autoresponsabilisation du patient envers les exercices prescrits et les adaptations des habitudes de vie conseillées sont les éléments qui auront le plus d’impact pour déterminer si une condition progressera favorablement ou non. Le défi, confie-t-elle, est d’en faire la démonstration :

« Je parle beaucoup de science. L’éducation et les exercices primeraient, selon plusieurs études, sur les autres techniques de thérapie manuelle que nous utilisons normalement en support. En étant disponible et présente pour mes patients, j’arrive à leur faire comprendre que leur implication est indispensable au processus de guérison ».

Alors que la vague de COVID-19 est plus forte que jamais dans la grande région montréalaise, Marie-Hélène Cummins voit sa profession se transformer devant ses yeux. Lorsque tout cela sera terminé, cette dernière a bon espoir que le système de santé en sortira plus performant.

Xavier Bourassa