Condamnées à la douleur | La RPP comme solution

Mise-à-jour du 22 juin 2023, 19H00

Pour donner suite à la réaction de l’AQP, la journaliste Marie-Ève Trudel a su pousser la conversation plus loin et s’est entretenu avec deux physiothérapeutes du Québec afin de discuter des idées novatrices d’ici en rééducation périnéale. 

En réaction au reportage de Radio-Canada, qui montre des femmes aux prises avec des douleurs irréversibles après le retrait de leur bandelette urinaire, l’Association québécoise de la physiothérapie réitère que des options conservatrices devraient toujours être tentées en premier recours. « La question qu’il faut se poser est : est-ce que la procédure opératoire de poser ou de retirer la bandelette est toujours la solution »

La version longue du reportage initial est maintenant disponible sur TOU.TV :

 

Dans un texte publié par Marie-Ève Trudel le 19 juin 2023, plusieurs femmes témoignent de leurs douleurs quotidiennes et profondes. L’AQP a contacté la journaliste Madame Trudel, afin de d’abord la remercier de mettre en lumière ce sujet si important pour la santé des femmes, mais également de situer la physiothérapie dans cette histoire: Il serait important de poser la question aux physiothérapeutes du Québec.

L’opinion du Dr Veronikis, chirurgien américain, envers la prise en charge en physiothérapie n’est pas du tout représentative de la situation actuelle au Québec. La physiothérapie en rééducation périnéale et pelvienne prend en charge la douleur mais également la globalité et l’entièreté de la personne. Il faudrait plutôt penser à sonder les médecins spécialistes qui travaillent dans les centres d’expertises, là où les physiothérapeutes travaillent de pair avec les urologues, gynécologues et infirmières dans la prise en charge des clientes aux prises avec des complications de bandelettes.

L’AQP est fière de mettre de l’avant l’efficacité d’une prise en charge en rééducation périnéale et pelvienne en premier recours pour l’incontinence urinaire chez la femme bien avant d’opter pour une approche chirurgicale. L’AQP croit fermement qu’il s’agit d’une solution économique pour le système de santé et surtout rassurant pour la femme à long terme. L’AQP interpelle le gouvernement à appliquer dès maintenant les recommandations concrètes de l’INESSS et voir à l’accès et au remboursement du traitement en physiothérapie rééducation périnéale et pelvienne de l’incontinence urinaire chez la femme.

Il est important de bien saisir l’enjeu des bandelettes. Tel que rapporté par le rapport de l’INESSS, la première intervention ne devrait jamais être de poser des bandelettes. Il faut toujours prioriser la prise en charge conservatrice, soit par un physiothérapeute ou en équipe interdisciplinaire, lorsque requise. Ensuite, le retrait des bandelettes n’est pas toujours la solution au succès garanti. Les femmes avec des bandelettes aux prises avec des complications doivent être prises en charge en équipe interdisciplinaire avant de considérer une opération de retrait. Il faut envisager un traitement conservateur qui implique des exercices, des étirements, du travail musculaire, de l’éducation et des conseils. Actuellement, les chirurgies de retrait de bandelettes faites aux États-Unis semblent miser sur la peur et l’incompétence du système de santé canadien, alors que la force de la prise en charge au Québec se situe justement dans le travail d’équipe interdisciplinaire. Le succès de prise en charge des femmes avec complications de bandelette ne se compte pas que par le nombre de chirurgies de retrait effectué. Avant de considérer le retrait de bandelette, il faut tout d’abord opter pour des traitements conservateurs. Et bien souvent, ces femmes n’auront pas besoin de faire retirer leur bandelette. Le succès peut être atteint SANS retrait. La prise en charge en équipe interdisciplinaire en est responsable. Actuellement, un bon nombre de patientes prises en charge dans les centres d’expertises n’ont pas besoin passer sous le bistouri pour faire le retrait de leur bandelette. La prise en charge en équipe permet de mieux cerner le problème et d’offrir des solutions conservatrices à la patiente.

Source : https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/OrganisationsSoins/INESSS_REPP_IU_volet_1_avis.pdf p.110-111

Le gouvernement ne s’est pas encore prononcé sur le rapport de l’INESSS, rapport datant d’octobre 2022 dans lequel il y a des recommandations claires, précises, réalistes. Le gouvernement l’a dit, «s’occuper de la santé, ce n’est pas seulement augmenter l’offre, mais aussi diminuer la demande». Il est temps que le gouvernement se penche sur la problématique et mette de l’avant les solutions proposées. La physiothérapie en rééducation périnéale et pelvienne a fait ses preuves, son efficacité a été soutenue par la littérature et n’implique pas obligatoirement une prise en charge individuelle.

Devant la réalité des douleurs urinaires, l’AQP rappelle qu’une prise en charge en rééducation périnéale et pelvienne devrait être le premier recours pour l’incontinence urinaire chez la femme.

Bien avant l’option chirurgicale, c’est une solution économique pour le système de santé, mais surtout rassurant pour la femme. Il faut redonner aux femmes le pouvoir et le contrôle de LEUR corps. La physiothérapie périnéale c’est tout ça, et bien plus.  L’AQP encourage d’ailleurs les initiatives de ses membres qui ouvrent la discussion autour de ces enjeux: nous pensons à la physiothérapeute Mélanie Claveau (La physio pas gênée) qui a récemment démarré son podcast Le Canal Vaginal. Le premier épisode est disponible depuis hier 20 juin, avec la physiothérapeute et membre AQP Caroline Arbour qui travaille également à en finir avec la banalisation des symptômes féminins.

Récit numérique complet paru sur ici.radio-canada.ca
Illustration: crédit image ANDRÉA ALVARENGA