La crise des opioïdes au menu de la première journée clinique AQP

Le jeudi 9 novembre dernier se tenait la première journée clinique de l’Association québécoise de la physiothérapie (AQP) ayant pour thème La douleur : quoi de neuf?

Durant cette journée de développement professionnel près d’une centaine de participants, de conférenciers et d’exposants se sont réunis au Centre des congrès et d’exposition de Lévis, dans la région de Québec, pour en apprendre davantage sur la crise des opioïdes et s’outiller face à la gestion de la douleur.

Un programme bien étoffé

En conférence d’ouverture, la physiothérapeute et chercheure Linda Woodhouse a su mobiliser l’auditoire en mettant clairement la table : il faut choisir la physiothérapie pour combattre la crise des opioïdes et mettre un frein à la dérive pharmacologique de surprescription d’opiacés au Canada.

Par la suite, les participants ont pu participer aux conférences et ateliers pratiques donnés par différents experts du domaine de la santé. Ces activités d’apprentissage leur ont permis d’explorer différents outils d’évaluation et de traitement pour prendre en charge des patients aux prises avec de la douleur. À la fin de la journée, un panel de discussion composé de tous les conférenciers et animé par le physiothérapeute et chroniqueur Denis Fortier a suscité de vives discutions sur le rôle de la physiothérapie dans cette crise médicale que vit la province.

Pour revoir la programmation complète: ici.

Faire partie de l’équation

Une chose est sûre, c’est que les professionnels de la physiothérapie peuvent apporter leur support et des solutions concrètes face à ce fléau. Voici quelques faits marquants relatés au cours de la Journée clinique AQP :

  • 7 Canadiens meurent chaque jour des conséquences en lien avec la prise d’opiacés;
  • En comparaison, la crise du SRAS de 2003 a fait 44 morts à travers le Canada. La crise des opioïdes est la cause de 49 décès par semaine;
  • Selon le Centers For Disease Control and Prevention, le traitement d’une douleur aiguë par opiacé ne devrait pas dépasser 3 jours;
  • Voir un physiothérapeute en première ligne, réduirait la prescription d’opioïde de 50 à 89 %. (Rhon D, Snodgrass S, Cleland J, Cook C. In Review et Harwood K. CSM San Antonio, 2017)

Malgré les données publiées cette semaine par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) indiquant que les Québécois consomment moins d’opioïdes d’ordonnance que partout ailleurs au Canada, il faut encore agir. Selon les propos de Dr Marie-Eve Goyer du Centre de recherche et d’aide pour narcomanes (CRAN) dans une entrevue accordée à Radio-Canada, une personne âgée sur 5 reçoit une prescription d’opiacés pour traiter sa douleur physique.

Sur le terrain, le gouvernement du Québec opte d’investir dans les traitements curatifs plutôt que préventifs en confirmant, le 9 novembre dernier, la gratuité de la naloxone comme solution à la crise des opioïdes. Pour Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation « L’annonce de ce programme s’inscrit dans la foulée des efforts faits actuellement pour mieux préparer le réseau québécois de la santé et des services sociaux à faire face aux surdoses d’opioïdes.»

L’AQP est d’avis que la prévention est l’élément essentiel pour prévenir une dépendance à cette catégorie de médicament. Et les professionnels de la physiothérapie ont un rôle de premier plan à jouer pour réduire la quantité d’opiacé prescrite en premier traitement. À ce sujet, en juin dernier, le président de l’AQP Luc J. Hébert, adressait ce problème au ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette dans une lettre demandant la mise en place d’actions concrètes pour faciliter l’accès à la physiothérapie et aider les médecins à trouver d’autres alternatives de traitement de la douleur.

L’AQP n’a toujours pas reçu de réponse de la part du gourvernement. Rappelons que selon l’étude menée par la chercheure Kadija Perreault publié cet automne, encore 18 000 Québécois sont en attente pour consulter un professionnel de la physiothérapie.