Au Québec, la réadaptation physique et la physiothérapie sont les parents pauvres du réseau de la santé et des services sociaux. En effet, faute de ressources, les patients doivent faire face à des temps d’attente qui dépassent de loin les délais acceptables. De plus, les bris de continuité dans l’offre de service sont nombreux, par exemple entre l’hôpital et l’unité de réadaptation. Le Protecteur du citoyen a d’ailleurs dénoncé cette situation.
Il faut dire que la réadaptation physique et la physiothérapie ont été particulièrement touchées par les réformes successives des dernières décennies. Par exemple, durant les années 90, les centres de réadaptation physique ont été regroupés pour ne former qu’un seul centre par région (à l’exception de Montréal et de la Montérégie pour des considérations d’ordre linguistique). Puis, cette année, la nouvelle réforme du gouvernement de monsieur Couillard a fusionné les centres de réadaptation aux nouveaux Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). Des établissements auparavant voués à une seule mission – la réadaptation physique – perdent ainsi leur identité propre et le peu d’indépendance qu’ils conservaient jusqu’alors. Pire encore, ils n’ont plus de voix pour faire valeur des solutions aux problèmes de santé nombreux qu’engendrent toutes ces coupures.
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, la réforme actuelle aurait pour but d’améliorer l’accessibilité au réseau. Cependant, les visées étaient les mêmes lors des fusions de 2003-2004 et l’amélioration n’est toujours pas au rendez-vous. L’inquiétude quant à l’accès aux services demeure donc entière.
Au cours des 30 dernières années, la création de régimes publics d’indemnisation et d’assurances (comme la CSST et la SAAQ) a entraîné la création de programmes de réadaptation complexes touchant 65 000 à 70 000 accidentés de la route ou du travail par année. Pour diverses raisons, dont certaines d’ordre financier, le réseau public a progressivement délaissé ce créneau au profit des cliniques privées. Ces dernières se sont multipliées au fil des ans et, au Québec, on compte aujourd’hui près de 500 cliniques privées dont le quart est regroupé sous des bannières commerciales.
Cette pratique a permis de conserver une certaine offre de services pour pallier aux lacunes des milieux publics, mais force est de constater que l’arrimage entre les services publics et privés de physiothérapie est difficile. Le continuum de soins est pratiquement inexistant. De fait, faute d’assurances, une proportion importante de la population n’a pas accès à des services de physiothérapie.
Au cours des prochaines années, l’AQP militera pour une meilleure équité dans l’accès à ces services et pour favoriser le rayonnement de la physiothérapie comme composante essentielle de notre réseau public.
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