T.R.P. et dévoué

UN TÉMOIGNAGE DE ZHAKY BENAZIZA

Autrefois enseignant à Bordeaux, Zhaky Benaziza prit la décision d’effectuer un retour aux études lorsqu’il immigra au Québec en 2014. Quatre ans plus tard, il traitait ses premiers patients en tant que thérapeute en réadaptation physique (T.R.P.) pour le CISSS de la Montérégie-Centre. Malgré les chamboulements du moment qui le poussent à revisiter l’enseignement auprès de ses trois enfants à la maison, l’homme de 37 ans n’a jamais délaissé sa nouvelle vocation.

 

« Je n’ai jamais arrêté », affirme-t-il d’emblée, « on s’est concentré sur les cas urgents pour les visites à domicile, et pour le reste on a assuré un suivi par téléphone. C’est certain que la charge de travail a augmenté ».

En plus des précautions nécessaires afin de réduire tout risque de contamination pour ses patients (nombreux sont âgés), un effort pédagogique intensifié doit être réalisé auprès de la clientèle du CLSC Samuel-de-Champlain. Particulièrement lorsqu’elles sortent de l’hôpital, les personnes qui ont subi des opérations majeures ou des fractures doivent être rassurées, et guidées dans leur rétablissement. Beaucoup sont dans l’incompréhension actuellement, et la confiance est un élément clé du processus. Pour gagner celle des patients, l’homme de 37 ans pratique abondamment le renforcement positif ces derniers jours: « On s’assure qu’ils vont bien, qu’ils ont tout l’équipement en place pour être indépendants. Ceux à qui nous rendons visite sont très contents de nous voir; il y a certains patients que nous appelons 2-3 fois par semaine aussi. Dépendamment des cas, au bout de quelques séances, on est en mesure de les référer en clinique ».

Avec tout près d’une vingtaine de patients qu’il suit simultanément, M. Benaziza apprend à intégrer le télétravail à son quotidien, lui permettant d’ajouter une touche de proximité à ses suivis distancés. Depuis le début de la pandémie, il est passé de trois rencontres par jour à une seule. Circonstances l’obligent, les outils de communication numériques sont favorisés :

« C’est tout qu’un défi le suivi à distance, ce n’est pas tout le monde qui est habile avec la technologie. Par contre, je crois qu’on a un aperçu de ce que le futur du métier aura l’air. Ça va se développer, c’est un mal pour un bien ».

 

Conciliation famille-travail

Depuis la fermeture des écoles au début mars, plusieurs parents québécois doivent adapter leur train de vie à celui de leurs enfants. Père de trois, Zhaky Benaziza ne fait pas exception à la règle. Âgés de 7, 9 et 14 ans, ses deux garçons et sa fille suivent les leçons de leurs parents, qui s’improvisent une journée professeurs de français et le lendemain, prof. d’histoire. « On essaie de faire une matière par jour pour éviter qu’ils entrent trop en mode vacances. Il faut être derrière eux dans cette épreuve, et les soutenir pour leurs études », affirme-t-il.

La charge de travail a inévitablement augmenté pour M. Benaziza, mais le jeu en vaut la chandelle. À partir de sa résidence à Longueuil, l’homme d’origine algérienne confie en conclusion de témoignage son amour indéfectible pour sa profession au Québec : « Par rapport à d’où je viens, j’adore l’approche entre les gens, tout le monde est accessible. C’est super de pouvoir faire une différence dans la vie des patients avec la réadaptation physique. On prend beaucoup de temps avec eux et on voit qu’ils apprécient grandement. Ça, c’est quelque chose que je n’échangerais pour rien au monde ».

Xavier Bourassa