Vivifrail : une initiative utile, mais un rôle naturel pour les professionnels de la physiothérapie

 

Nous avons pris connaissance avec intérêt de l’article paru dans Profession Santé “Vivifrail, un programme innovant et accessible pour aider les aînés à retrouver leur autonomie” concernant le programme Vivifrail, récemment implanté à l’Hôpital général juif de Montréal.
Toute initiative visant à soutenir l’autonomie et la mobilité des personnes aînées doit être saluée. Cependant, il nous semble important de rappeler la place centrale des professionnels de la physiothérapie dans ce type d’évaluation et d’intervention avec effet secondaire de libérer le temps précieux de nos gériatres québécois.

 

 

Le test SPPB (Short Physical Performance Battery) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur lequel s’appuie Vivifrail, est un outil simple et validé. Il peut être administré par différents professionnels, certes, mais son interprétation et la mise en place d’un programme de prévention et de réadaptation physique relèvent avant tout de la compétence des physiothérapeutes. En effet, ceux-ci sont spécifiquement formés pour dépister, évaluer et intervenir sur les troubles musculosquelettiques et neurologiques, incluant les troubles d’équilibre, la fragilité et les limitations de mobilité.

 

 

Présenter Vivifrail comme une simple manière de « personnaliser une prescription d’activité physique » banalise cette expertise. En réalité, il ne s’agit pas tant de personnaliser qu’uniformiser une prescription générique d’exercices. La vraie personnalisation, tenant compte de la condition clinique, des comorbidités, des capacités fonctionnelles et du vécu du patient, est au cœur du rôle du professionnel de la physiothérapie.

 

 

Par ailleurs, le Québec n’a pas attendu Vivifrail pour développer des programmes efficaces de prévention des chutes et de maintien de l’autonomie. Pensons par exemple au Programme OTAGO, offert à l’Hôpital de La Baie depuis 2019 ou au Programme intégré d’équilibre dynamique (PIED) largement implanté dans les CLSC. Tous ces projets démontrent que les physiothérapeutes savent déjà évaluer les risques de chute, la fragilité physique et la mobilité, puis proposer des interventions adaptées et efficaces.

 

 

Dans le contexte actuel où le Québec fait face à un manque de gériatres, il est souhaitable de libérer leur temps pour des interventions à plus forte valeur ajoutée. Le partage judicieux des tâches est non seulement un gage d’efficacité clinique, mais aussi une réponse concrète aux appels du gouvernement à revoir l’organisation des soins. Alors que des discussions importantes se tiennent actuellement avec la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ), il est pertinent de rappeler que confier aux physiothérapeutes ce type d’évaluation et de suivi est une solution réaliste et fonctionnelle aux besoins du réseau de la santé, au bénéfice des patients comme du système.

 

 

À l’Association québécoise de la physiothérapie, nous tenons à réaffirmer – comme dans notre énoncé de position sur (italique)Le rôle de la physiothérapie dans la prévention et l’optimisation de la qualité de vie des personnes aînées du Québec(italique) – que les professionnels de la physiothérapie ont l’expertise d’intervenir en amont afin de préserver l’autonomie des aînés. Reconnaître pleinement cette expertise, c’est optimiser le travail de chaque professionnel de la santé et améliorer l’efficacité globale du réseau.

 

 

Crédit image: vivifrail.com/fr/outiltheque/